Femmes chercheuses au Liban : une participation prometteuse, mais encore insuffisante
Au pays du Cèdre, 32 % des personnes qui travaillent dans le domaine de la recherche scientifique sont des femmes.
Si la participation politique des femmes au Liban est faible, leur présence dans le domaine de la recherche scientifique est par contre plus affirmée. Pour preuve, deux des six jeunes chercheuses arabes récompensées mercredi dans le cadre du programme régional de L’Oréal-Unesco intitulé « Pour les femmes et la science » sont libanaises. « Au niveau quantitatif, on est loin de la parité entre hommes et femmes dans le domaine de la recherche scientifique », confirme Mouïn Hamzé, secrétaire général du Conseil national de la recherche scientifique-Liban (CNRS-L), à L’Orient-Le Jour. « Cependant, le niveau de la participation des femmes dans ce domaine est de loin meilleur que dans d’autres domaines, tels que les postes-clés de l’administration ou encore la présence au sein du Parlement et du gouvernement », ajoute-t-il. Selon les chiffres du CNRS-L, le pourcentage des femmes travaillant dans le domaine de la recherche scientifique sur le plan international est de 28 %, alors que dans les 21 pays arabes, le pourcentage varie entre 29 et 30 %, avec des écarts assez importants entre un pays et un autre. « Au Liban, 32 % des chercheurs sont des femmes, alors que dans les pays du Golfe, ce pourcentage ne dépasse pas les 15 % », révèle M. Hamzé.
Le président du CNRS-L déplore cette disparité entre hommes et femmes dans le domaine de la recherche scientifique. « Entre 75 et 90 % des premiers du baccalauréat qui bénéficient des bourses du CNRS sont des femmes, et 78 % des étudiants qui obtiennent des bourses de doctorat au sein du même programme sont également des femmes », précise-t-il. « La surprise est la suivante : seulement 33 % des chercheurs scientifiques sont des femmes », déplore-t-il encore. Comment justifier cette chute en nombre ? « Il s’agit d’une fuite. Lorsqu’il est question d’accéder finalement sur le marché de l’emploi, les femmes se heurtent à de nombreux obstacles. Tout d’abord, la concurrence entre hommes et femmes au niveau du recrutement est acharnée. Les femmes ont tendance à changer de métier beaucoup plus souvent que les hommes, et ceux-ci sont plus insistants quant à l’accès aux postes. »
Néanmoins, M. Hamzé assure que la question n’est pas que quantitative. « Il faut songer à la qualité également », insiste-t-il. Dans ce contexte, il cite deux critères principaux : la qualité des articles et des études dans des publications internationales, d’une part, et le respect de l’honnêteté scientifique et de l’éthique professionnelle, d’autre part. « Les femmes excellent toujours au niveau de l’approche professionnelle et de la qualité du travail présenté », estime-t-il. D’ailleurs, entre 30 et 40 % des lauréats du prix d’excellence pour la recherche scientifique décerné par le CNRS, tout au long de ses huit éditions, sont des femmes.
« La science a besoin des femmes »
M. Hamzé présidait le jury qui a remis mercredi les prix aux six chercheuses récompensées dans le cadre du programme régional de L’Oréal-Unesco, dont le slogan était « Le monde a besoin de la
science, et la science a besoin des femmes ». Les lauréates sont les Libanaises Maya Atieh et Layla Moussaoui, l’Irakienne Aseel Mahmoud, la Palestinienne Faten Abou Shoga, et les Jordaniennes Hanan Khalil et Shada el-Abed. Quatre des lauréates ayant déjà obtenu leur doctorat ont reçu le prix des études postdoctorales qui équivaut à 10 000 euros, alors que les deux autres doctorantes ont reçu un prix qui équivaut à 6 000 euros.
Il a rendu un hommage vibrant aux boursières, lors d’une cérémonie organisée à l’Ecole supérieure des affaires à Beyrouth (ESA), en présence notamment du ministre sortant de l’Éducation Marwan Hamadé, représenté par le directeur général du ministère Fadi Yarak, du ministre d’État sortant chargé des Droits de la Femme Jean Oghassabian, du directeur de L’Oréal Levant, Philippe Patsalides, et du président de la Commission nationale libanaise de l’Unesco, Henri Awit. « Cette année encore, elles ont pu impressionner et surprendre tous les membres du jury. Chaque boursière a été reconnue pour son excellence dans son champ d’expertise respectif, de la physique à l’ingénierie environnementale, en passant par la biologie moléculaire. Leur travail à la pointe de l’innovation nous ouvrira, à toutes et tous, un avenir plus riche. Ces femmes sont une source d’inspiration pour les futures génération de scientifiques », a insisté M. Hamzé. De son côté, M. Yarak a félicité les boursières, estimant que le nombre croissant de participantes à ce programme sur les 20 dernières années prouve l’importance du rôle des femmes dans ce domaine.
اورنيلا عنتر : كاتبة مقالات باللغة الفرنسية في لوريان لوجور