Timbre arabe commun : Jérusalem, capitale de l’état palestinien
Timbre arabe commun : Jérusalem, capitale de l’état palestinien
Philatélie . Bévues cartographiques
Timbre arabe commun : Jérusalem, capitale de l’état palestinien
le 07.06.18 | 12h00 Réagissez
Par Mohamed Achour Ali Ahmed (AIJP)
A l’issue de sa 34e réunion tenue les 28 et 29 mars 2018 à Mascate (Sultanat d’Oman), la Commission arabe permanente des Postes (CAPP) a accepté à l’unanimité la proposition du Dr Allam Moussa, ministre des Télécommunications et des Technologies de l’information dans le gouvernement palestinien quant à l’émission par les pays arabes d’un timbre commun légendé «Jérusalem, capitale de l’Etat palestinien».
Invité de l’émission «La Palestine, ce matin» diffusée le 11 avril 2018 par la chaîne de télévision locale Palestine, il a tenu à préciser que cette démarche est dictée par «la recrudescence des mesures hostiles prises par l’occupant israélien à l’encontre de Jérusalem avec la complicité de l’administration américaine», ajoutant que son département ne ménagera aucun effort, en coordination avec l’Organisation de la coopération islamique (OCI) afin d’étendre cette initiative à l’ensemble des pays musulmans.
Le visuel du timbre commun proposé par la Poste palestinienne est une conception du photographe libanais Kamel Jaber. Hassan Abou Aila, directeur du service philatélique palestinien qui a procédé le même jour à son dévoilement lors d’une émission diffusée par la chaîne de télévision Al Qods éducative, explique que l’illustration principale portée sur les trois valeurs (100, 1000 et 1200 mils) que le timbre que la Poste palestinienne compte émettre pour l’occasion «se compose d’une étoile à huit branches chargée de symbolismes dont les entrelacs portent les couleurs du drapeau palestinien et à l’intérieur de laquelle se dressent la mosquée Al-Aqsa et l’église de l’Ascension surmontées par une carte géographique du monde arabe».
S’agissant du feuillet de 1 200 mils, ajoute-t-il, «en plus du timbre reproduisant ce dessin original, il est illustré en arrière-fond par une vue générale de la ville d’Al Qods et ses lieux saints, exécutée au crayon par l’artiste palestinien Shehab Kawasimi». Choix symbolique si l’en est, la date fixée pour la sortie de cette émission commune est le 6 décembre 2018, soit le même jour de l’année 2017 qui a vu le président américain Donald Trump annoncer sa reconnaissance de Jérusalem comme étant la capitale d’Israël et ordonner le début des préparatifs pour le transfert de l’ambassade américaine de Tel-Aviv à la ville sainte. L’examen attentif de la maquette palestinienne, pourtant approuvée par la CAPP, nous fait découvrir une carte politique sur laquelle apparaissent en trait plein les frontières internationales des pays censés composer cette aire géographique qu’il est convenu d’appeler «Le monde arabe».
Une carte erronée qui essuiera certainement le rejet de nombreuses administrations postales arabes et fera capoter l’initiative palestinienne. Rejet mauritanien, car malgré son appartenance à la Ligue arabe, aucune trace de ce pays n’est perceptible sur la carte. L’omission est d’autant plus grave que la Mauritanie est également l’un des vingt-deux membres de la CAPP ayant adopté le principe de cette émission commune !! Rejet soudanais, au motif que cette carte est non actualisée, puisque le Soudan y est représenté dans ses frontières d’avant 2011, année de la sécession du Sud-Soudan et son accession à l’indépendance sous le nom officiel de Soudan du Sud (non membre de la Ligue arabe et de la CAPP).
Et enfin, rejet marocain devant la présence sur la carte du Sahara Occidental. Dernier territoire africain concerné par le mouvement de décolonisation, il est revendiqué par le Front Polisario, mais occupé par le Maroc depuis 1976 sous le nom de Provinces du sud du royaume. Rabat considère toutes les représentations cartographiques montrant le Sahara Occidental délimité par une frontière internationale comme une atteinte à son intégrité territoriale. Une position sur laquelle s’aligneraient sans doute les monarchies du Golfe, alliées traditionnelles du Makhzen.
Devant tous ces rejets, que resterait-il de commun à ce timbre ? Les responsables de la Poste palestinienne disposent encore de suffisamment de temps afin d’apporter les correctifs nécessaires à leur maquette. Seule une carte muette du «monde arabe» aux frontières effacées est susceptible de gagner l’unanimité des membres de la CAPP. Carte qu’il n’est pas nécessaire d’aller chercher bien loin puisqu’elle figure sur le timbre qu’ils ont eux-mêmes émis en cinq valeurs le 3 août 2012 dans le cadre d’une précédente émission commune consacrée à la Journée arabe de la Poste.
A bon entendeur salut !